JACQUES MERLES, habitué du Café littéraire, et qui a présenté les soirées consacrées au polar, à la Grande Guerre et la littérature chinoise, vient de faire paraître AUTOUR DE L'OVAL, aux éditions Edilivre-Aparis, dont voici la quatrième de couverture.
Pour ce livre, Aznavour chanterait : « Je vais vous parler d’un rugby que les jeunes de vingt à trente ans ne peuvent pas connaître ». Le rugby, en ce temps-là, se jouait déjà à XV mais pas avec des gars aux gabarits d'aujourd'hui. Des types de taille normale pouvaient devenir internationaux et il y en eut de fameux. On préférait mettre un copain en position de marquer que de pilonner l’adversaire. C’était un rugby de joie, d’attaque et de fête. Aux troisièmes mi-temps, les nuits qui suivaient le banquet d’après-match étaient toujours trop courtes. C’était un rugby d’avant le professionnalisme. Ce glossaire, préféré à dictionnaire, terme trop savant, fait penser au verbe gloser. On refaisait le monde pendant des nuits entières autour d’un ballon ovale. Le mot semble aussi désuet que l’époque à laquelle il se rapporte. Cet ouvrage distraira le lecteur, le fera sourire, parfois éclater de rire, comme une succession de coups de pieds repris et renvoyés par l’adversaire.
D'ores et déjà une proposition de lecture d'un solide connaisseur du champ littéraire :
(...) je vous adresse ma contribution suisse en la personne d'un écrivain méconnu mais subtil et diaphane, ironique et tendre, qui mérite le détour. Il s'agit de Pierre Girard. Monsieur Stark, Charles dégoûté des beefsteaks, Connaissez mieux le cœur des femmes et Les sentiments du voyageur, chroniques journalistiques, me semblent une digne et courte introduction à l’œuvre de ce Suisse mort dans les années 50 et que les éditions de l'Arbre vengeur et de l'Âge d'homme tentent de ressusciter. (...)
Jean-Charles Lévy.
Un public nombreux et actif pour Octave Mirbeau en mai. Auront été lus des textes reflétant les multiples causes mirbelliennes : anti-militariste, ami des bêtes, scrutateurs du morphinomane, joueur avec la structure de la langue française et, enfin, drôlissime précurseur du surréalisme.
Merci, une fois encore, à G.T. pour ses photographies de la soirée.
Nous avons, lors de la soirée consacrée à l'Algérie et ses écrivains, évoqué l'œuvre du grand Rachid Boudjedra. Il vient de subir un affront dont nous vous communiquons la nature :
(Merci à G.T. pour ses photographies.)
Un des participants à la soirée consacrée à Jack, London nous communique ce texte :
Croc Blanc (1906).
Le récit est basé sur l'expérience de Jack London dans le grand nord canadien lors de la ruée vers l'or du Klondike. Il reflète ses vues sur le comportement des êtres humains dans les différentes sociétés qui s'y rencontrent : pionniers rustres et brutaux voire cruels, ingénieurs des mines éduqués, amérindiens vivant en harmonie avec les animaux et la nature.
La focalisation majeure du livre est celle des animaux, le livre étant principalement écrit du point de vue de Croc-Blanc.
L'histoire fait écho à celle d'un autre roman de London, L'Appel de la forêt (The Call of the Wild), dans lequel un chien de compagnie revient cette fois-ci à l'état sauvage.
« Mais ce qui rendait Croc-Blanc proprement imbattable, plus encore que sa vitesse ou sa stabilité, c'était son extraordinaire expérience. Il avait tout vu, tout éprouvé, tout essayé. Aucune ruse, aucune feinte, si subtile fût-elle, ne pouvait le désarçonner, alors que son propre arsenal de mauvais tours en comportait toujours au moins un que son adversaire ne connaissait pas. Possédant toutes les tactiques, il n'en privilégiait aucune, ne se laissait jamais surprendre, découvrant sans peine le point faible de son ennemi et frappant ensuite, inlassablement, jusqu'à la mort. »
(…) « Croc-Blanc reprit terre à San Francisco. Il fut stupéfait. Toujours il avait associé volonté d'agir et puissance d'agir. Et jamais les hommes blancs ne lui avaient paru des dieux aussi merveilleux que depuis qu'il trottait sur le lisse pavé de la grande ville. Les cabanes qu'il avait connues, faites de bûches de bois, faisaient place à de grands bâtiments hauts comme des tours. Les rues étaient pleines de périls inconnus : camions, voitures, automobiles. De grands et forts chevaux traînaient d'énormes chariots. Sous des câbles monstrueux tendus en l'air, des cars électriques filaient rapidement et cliquetaient à travers le brouillard, hurlant leur instance menace, comme font les lynx dans les forêts du Nord. »
Toutes ces choses étaient autant de manifestations de puissance. À travers elles, derrière elles, l'homme contrôlait et gouvernait. C'était colossal et terrifiant. Croc-Blanc eut peur, comme jadis, lorsque arrivant du Wild au camp de Castor-Gris, quand il était petit, il avait senti sa faiblesse devant les premiers ouvrages des dieux. Et quelle innombrable quantité de dieux il voyait maintenant ! Leur foule affairée lui donnait le vertige. Le tonnerre des ruées l'assourdissait et leur incessant mouvement, torrentueux et sans fin, le bouleversait. Jamais il n'avait autant senti sa dépendance du dieu d'amour. Il le suivait, collé sur ses talons, quoi qu'il dût advenir.
Une nouvelle épreuve l'attendait qui, longtemps par la suite, demeura un cauchemar dans son cerveau et dans ses rêves. Après qu'ils eurent tous deux traversé la ville, ils arrivèrent dans une gare pleine de wagons où Croc-Blanc fut abandonné par son maître (il le crut du moins) et enchaîné dans un fourgon au milieu d'un amoncellement de malles et de valises. (…)
Le récit est basé sur l'expérience de Jack London dans le grand nord canadien lors de la ruée vers l'or du Klondike. Il reflète ses vues sur le comportement des êtres humains dans les différentes sociétés qui s'y rencontrent : pionniers rustres et brutaux voire cruels, ingénieurs des mines éduqués, amérindiens vivant en harmonie avec les animaux et la nature.
La focalisation majeure du livre est celle des animaux, le livre étant principalement écrit du point de vue de Croc-Blanc.
L'histoire fait écho à celle d'un autre roman de London, L'Appel de la forêt (The Call of the Wild), dans lequel un chien de compagnie revient cette fois-ci à l'état sauvage.
« Mais ce qui rendait Croc-Blanc proprement imbattable, plus encore que sa vitesse ou sa stabilité, c'était son extraordinaire expérience. Il avait tout vu, tout éprouvé, tout essayé. Aucune ruse, aucune feinte, si subtile fût-elle, ne pouvait le désarçonner, alors que son propre arsenal de mauvais tours en comportait toujours au moins un que son adversaire ne connaissait pas. Possédant toutes les tactiques, il n'en privilégiait aucune, ne se laissait jamais surprendre, découvrant sans peine le point faible de son ennemi et frappant ensuite, inlassablement, jusqu'à la mort. »
(…) « Croc-Blanc reprit terre à San Francisco. Il fut stupéfait. Toujours il avait associé volonté d'agir et puissance d'agir. Et jamais les hommes blancs ne lui avaient paru des dieux aussi merveilleux que depuis qu'il trottait sur le lisse pavé de la grande ville. Les cabanes qu'il avait connues, faites de bûches de bois, faisaient place à de grands bâtiments hauts comme des tours. Les rues étaient pleines de périls inconnus : camions, voitures, automobiles. De grands et forts chevaux traînaient d'énormes chariots. Sous des câbles monstrueux tendus en l'air, des cars électriques filaient rapidement et cliquetaient à travers le brouillard, hurlant leur instance menace, comme font les lynx dans les forêts du Nord. »
Toutes ces choses étaient autant de manifestations de puissance. À travers elles, derrière elles, l'homme contrôlait et gouvernait. C'était colossal et terrifiant. Croc-Blanc eut peur, comme jadis, lorsque arrivant du Wild au camp de Castor-Gris, quand il était petit, il avait senti sa faiblesse devant les premiers ouvrages des dieux. Et quelle innombrable quantité de dieux il voyait maintenant ! Leur foule affairée lui donnait le vertige. Le tonnerre des ruées l'assourdissait et leur incessant mouvement, torrentueux et sans fin, le bouleversait. Jamais il n'avait autant senti sa dépendance du dieu d'amour. Il le suivait, collé sur ses talons, quoi qu'il dût advenir.
Une nouvelle épreuve l'attendait qui, longtemps par la suite, demeura un cauchemar dans son cerveau et dans ses rêves. Après qu'ils eurent tous deux traversé la ville, ils arrivèrent dans une gare pleine de wagons où Croc-Blanc fut abandonné par son maître (il le crut du moins) et enchaîné dans un fourgon au milieu d'un amoncellement de malles et de valises. (…)
Une nouvelle épreuve l'attendait qui, longtemps par la suite, demeura un cauchemar dans son cerveau et dans ses rêves. Après qu'ils eurent tous deux traversé la ville, ils arrivèrent dans une gare pleine de wagons où Croc-Blanc fut abandonné par son maître (il le crut du moins) et enchaîné dans un fourgon au milieu d'un amoncellement de malles et de valises. (…)
Le Talon de fer
Jack London est aujourd’hui universellement connu pour ses récits d’aventures et ses romans destinés à la jeunesse. Mais il fut aussi un écrivain révolutionnaire d’une vigueur et d’une ampleur de vue rares. Son roman Le Talon de fer (The Iron Heel) a été un livre de formation essentiel pour des générations d’hommes et de femmes, en Amérique et ailleurs. Dans ce roman d’anticipation, écrit en 1905, Jack London imagine qu’une révolution collectiviste se produit aux États-Unis, qu’elle avorte et qu’au terme d’une impitoyable répression, l’oligarchie capitaliste impose au monde, pour une période de trois cent ans, le règne du Talon de fer. Le récit des événements est écrit au féminin. C’est le témoignage, retrouvé beaucoup plus tard (à une époque où a triomphé la Fraternité), écrit par la compagne de l’un des chefs de la révolution, Avis Everhard. Les lecteurs d’aujourd’hui qui découvriront ce livre seront sans doute frappés par la force visionnaire de son auteur et le message de courage et de lucidité qu’il nous lègue. Bien des passages surprendront le lecteur d’aujourd’hui par la préscience de la mondialisation capitaliste, le règne totalitaire de la surveillance ou par exemple la mise en avant et la manipulation de la protection de la nature par l’oligarchie. Roman d’action, le Talon de fer est aussi un roman initiatique de la lutte des classes qui dévoile les arcanes du système avec la volonté de donner au mouvement ouvrier américain les armes intellectuelles de son combat. On y trouve notamment, sous une forme vivante et littéraire, une explication d’une rare et étonnante clarté sur la crise économique et les lois du capitalisme. Nous reprenons ici la traduction « historique » du Talon de fer, celle de Louis Postif, de 1923. Cette traduction sur laquelle s’appuient tous ceux qui ont abordé cette œuvre, porte bien sûr la marque de son époque et de la conception qu’on se faisait alors de la traduction, laquelle autorisait le traducteur a quelques libertés afin de mieux servir l’auteur qu’il traduisait. Elle est bien sûr datée mais elle conserve à nos yeux sa qualité littéraire et la force qu’ont ressentie ses premiers lecteurs qui ont découvert par elle ce texte essentiel. Cette année marquera le centième anniversaire de la disparition de Jack London (22 novembre 1916).
Edition illustrée (gravures). Préfaces d’Anatole France (1923), Paul Vaillant-Couturier (1932)
et de Bernard Clavel (1967).
Deux photographies prises lors de la soirée Antonio Tabucchi. Des textes, tirés de cinq livres de l'auteur, ont été lus en français et en italien.
Germano Pallini présentera Antonio Tabucchi
le 23 février prochain. Il nous communique
l'introduction ci-dessous. Nous vous attendons
nombreux pour l'écouter.
Les livres d’Antonio Tabucchi sont de ceux
qu’on emporterait volontiers sur une île. Peu importe si l’île en question est
déserte, car ils nous pousseraient de toute manière à regarder loin, vers ce
point où la mer et le ciel se confondent, pour
reprendre le voyage vers d’autres îles, à la manière de Femme de Porto Pim, ce recueil
d’histoires sur les îles Açores, ou comme dans Le fil de l’horizon, un drôle de polar, où le détective Spino
cherche le sens d’un fait divers, alors que son esprit vagabonde sur les quais
d’un port de mer.
Antonio Tabucchi était né à Vecchiano,
près de Pise, en 1943, et il est mort à Lisbonne, en 2012. Il était professeur
de littérature portugaise à l’université de Gênes, puis de Sienne, et même s’il
il changeait de pays « plus souvent que de chaussures », comme il
l’écrivait en citant Brecht, sa maison
était ce triangle construit entre sa Toscane natale, Paris et surtout Lisbonne,
la ville de sa femme, Maria-José de Lancastre, avec laquelle il a contribué à
faire connaître en Italie l’œuvre de Fernando Pessoa. Ainsi, par la force des
choses, lui aussi était devenu « un peu » portugais, assez en tout
cas pour écrire l’un de ses plus beaux livres, Requiem, en portugais ; assez, pour que ses cendres se
retrouvent aujourd’hui au cimetière Dos
Prazeres, à Lisbonne, dans la section des écrivains portugais.
A l’occasion
du cinquième anniversaire de la mort d’Antonio Tabucchi, le Café littéraire du
Mans propose une rencontre autour de cet auteur, pour en découvrir les multiples
facettes : écrivain de toutes les frontières, non seulement celles de
l’espace, mais aussi celles du temps et de l’Histoire, voyageur et polyglotte,
écrivain engagé et inquiet. La rencontre sera animée par Germano Pallini,
professeur d’italien au lycée Bellevue.
Germano Pallini est né à Sienne. Agrégé d’italien,
docteur en Etudes Italiennes, il enseigne au lycée Bellevue, dans la section
binationale EsaBac. Il organise, pour le 7 avril prochain, une journée d’études
dédiée à Antonio Tabucchi au lycée Bellevue, autour du roman d’Antonio Tabucchi
Pereira prétend, en collaboration
avec Maria-José de Lancastre-Tabucchi, Eleonora Conti, spécialiste de Tabucchi
et enseignante au lycée « Torricelli Ballardini » de Faenza, Anna
Dolfi, professeure à l’université de Florence, et Pierre-Henry Gomont, auteur
de la BD Pereira prétend, inspirée du
roman homonyme d’Antonio Tabucchi.
P.S. Lien vers le site officiel de l’écrivain :
Une fidèle participante au Café littéraire, qui nous a fait l'amitié de présenter Michel Houellebecq, expose ses sténopés à la librairie L'Herbe entre les dalles, rue de la Barillerie au Mans, à partir de samedi 14.I.17 et pour un mois.
Vernissage de l'exposition
Less is more à 18.00 pile !
Année du centenaire de la mort d'Octave Mirbeau oblige, de nombreux évènements sont programmés, en France et à l'étranger. Parmi eux, en voici trois, des plus accessibles.
Au Sénat tout d'abord, le 27 janvier, en présence de participants prestigieux, il sera question de Mirbeau et La Belle époque. Vous pouvez, si vous le souhaitez, être invité. A cette fin, imprimez l'invitation ci-dessous et contactez le plus rapidement possible C.Bouchoux.
A Morlaix, le 11 février, il sera plus précisément question de Mirbeau et la Bretagne.
Enfin, au Mans, une soirée organisée en collaboration avec Cinéastes, qui permettra de voir ou de revoir Le Journal d'une femme de chambre de Luis Buñuel (1964, avec Jeanne Moreau) et Les affaires sont les affaires, de Jean Dréville (1942, avec Charles Vanel).
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COLLOQUE OCTAVE MIRBEAU
ET LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE LA “BELLE ÉPOQUE”
Palais du Luxembourg, 27 janvier 2017
Salle Monnerville, 26 rue de Vaugirard 75006 Paris
Matin
9 h. : Accueil des invités au 26 rue de Vaugirard 75006
Paris
9 h. 30 : Ouverture du colloque par Corinne Bouchoux,
sénatrice de Maine-et-Loire
Introduction de Pierre Michel, président de
la Société Octave Mirbeau
Présidence de Pierre
Michel
9 h.45 : Gérard COGEZ, Université
de Lille, « La 628-E8, ou
la France vue d’ailleurs »
10 h. 15 : Ludivine
FUSTIN, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, « Mirbeau :
un romancier cynique à la “Belle Époque” »
10 h. 45 : Yannick
LEMARIÉ, Université d’Angers, « La
condition animale vue par Mirbeau »
Présidence de
Yannick Lemarié, vice-président de la Société Octave Mirbeau
11 h. 15 : Alain (Georges)
LEDUC, École supérieure d’Art de Lorraine, Metz, « Masochisme et impuissance chez Octave
Mirbeau ».
11 h. 45 : Noëlle BENHAMOU, Université de Picaedie, ’Amiens,
« Le scandale des bureaux de placements : la prostitution
ancillaire dénoncée par Octave Mirbeau et quelques contemporains »
12 h. 15 : Martina DIAZ,
Université de Genève, « Les bottines de Célestine : entre perversité
romanesque et psychologie amoureuse »
12 h. 45 : Pause déjeuner
Après-midi
14h15 : Accueil des invités
au 26 rue de Vaugirard 75006 Paris
Présidence de
Corinne Bouchoux, Sénatrice de Maine-et-Loire
14 h. 30 : Vida AZIMI, Université Paris-II, « Octave
Mirbeau et le leurre démocratique : Les "mauvais bergers" de la
République »
15 h. : Françoise SYLVOS,
Université de la Réunion, « La corruption dans L'Epidémie d'Octave
Mirbeau »
15 h. 30 : Jean-Yves MOLLIER, Université de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines,
« Octave Mirbeau et les scandales politico-financiers de son
temps »
16 h. ; Pause, toute sortie
est définitive
Présidence de Jean-Yves
Mollier
16 h. 20 : Pierre MICHEL, Université d’Angers,
« Octave Mirbeau et le combat laïque »
16 h. 50 : Gilles CANDAR, président de la Société des
études jaurésiennes, « La première Humanité (1904-1905) »
17 h. 20 : Zeev STERNHELL, Université de Tel-Aviv,
« De l’affaire Dreyfus à Vichy : réflexions sur la continuité de
l'histoire du XXe siècle français »
17 h. 50 : Débats
19 h. : Fin du colloque.
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Octave Mirbeau (1848-1917) et la Bretagne
Colloque
de Morlaix, Théâtre du pays de Morlaix,
à
l’occasion du centenaire de l’écrivain
Samedi
11 février 2017
Matinée du samedi 11, sous la présidence
de Samuel Lair
9h15 :
Allocution de Jean-Yves Gourvès, directeur du Théâtre du Pays de Morlaix
Présentation du colloque par Samuel
Lair, vice-président de la Société Octave Mirbeau.
9h30 : Sophie Gondolle, UBO,
« Mirbeau et les artistes Monet, Rodin, Pissarro ».
10h :
Alain (Georges) Leduc : « Mirbeau, Gauguin, les peintres de
Pont-Aven ».
10h30
: Discussion et pause.
10h45
: Pierre Michel, président de la Société Mirbeau : « Mirbeau et l'affaire
Dreyfus ».
11h15 :
Paul-Henri Bourrelier, auteur, « Le procès de Rennes ».
11h45 :
Yannick Lemarié, « Célestine, historienne et sociologue ».
12h15
: Discussion
Après-midi
du samedi 11, sous la présidence de Pierre Michel
14h15
Lisa Rodrigues Suarez, São Paulo : « Le jeune homme et la nature bretonne : une étude
comparative du Calvaire et de Sébastien Roch d’Octave
Mirbeau ».
14h45 Jean-Luc Steinmetz, biographe,
critique : « Mirbeau et Mallarmé ».
15h15
Mickael Lugan : « Mirbeau et Saint-Pol Roux ».
15h35 :
Compagnie de la Chimère. Pause.
16h00 :
Arnaud Vareille « Bretagne, terre de contrastes : la théorie du
milieu selon Mirbeau ».
16h30
Jean Monamy « Octave
Mirbeau et Lorient, 1888-1898 : de la fièvre à L’Épidémie,
de la typhoïde à l’affairisme ».
17h :
Samuel Lair « Octave Mirbeau et Gustave Geffroy ».
17h30
: Discussion
17h45 : conclusion du colloque, par
Samuel Lair.
Le premier janvier dernier est décédé
René Ballet, auteur, entre autre, du célèbre
Hôtel des deux gares. Voici le texte de la
préface de la dernière édition, que Simone,
sa compagne, a souhaité republier
cet automne.
Un étau qui se
resserre
1947. Une équipe d’ouvriers du bâtiment,
chargés de rénover un hôtel entre les gares du Nord et de l’Est, à Paris,
découvre dans une chambre un nom frénétiquement tracé sur les murs qu’on
pouvait penser être celui d’une femme (« Falaise »), tandis que le
miroir mural est recouvert d’un linge. L’établissement était resté fermé durant
trois ans : y avait eu en effet, paraissait-il, se sont des choses que
l’on se chuchote à l’oreille plus qu’on ne les murmure, « des histoires à
la Libération ».
Mais allons-y de go.
Le roman de René Ballet, L’Hôtel des
deux gares, se situe à Paris, l’été 44. Robert Rocher – on l’appelle « Bob » à cause
de sa ressemblance avec Robert Taylor, le narrateur-romancier préférera « Roc »,
qui évoque tout autant par sa sécheresse monosyllabique le « Duc » de
Roger Vailland, dont il fut l’ami, dans La Fête, trois lettres, un
« c » final cinglant comme un coup de schlague, que Pierre Drieu la Rochelle
– est là, terré, aux
abois, qui attend la mort. Par quel processus cet homme, rallié à Doriot –
« le Grand Jacques », devenu « le Gros Jacques » – et qui
s’est acoquiné aux tortionnaires de la rue Lauriston s’est-il donc claquemuré
dans ce cul-de-sac? Car l’ancien « Tatar », qui écrivait de petits
textes surréalisants et mettait sous scellés les voyelles du Bateau ivre
est bel et bien (si l’on peut dire) devenu un facho. Un facho tweed, un facho
chic, qui vécut le nazisme comme une esthétique, un dandysme. Vailland aura
décrit, dans Drôle de Jeu, ce genre de folliculaires-là, qui avaient
appris dans leurs torchons à beugler « Plutôt Hitler que le Front
populaire! ». Après la pax romana, la pax teutonia. Le
peuple paiera les pitreries de la classe dirigeante. Roc est un habitué du One
Two Two, la maison close la plus « select »
de l’Occupation. Élégant, séduisant, il se laisse aimer par de grandes
horizontales, qu’habillent un tailleur Chanel ou une robe de chez Schiaparelli.
Et puis, un jour, les temps changent. Ils sont devenus trop nombreux ceux que
l’on étrangle de ses mains méticuleusement gantées, par peur du sang, dans des
sous-sols visqueux. On n’arrive plus à réduire les maquis; la voix de Radio
Londres se fait moins ténue.
Valsez saucisses! Louis-Ferdinand s’en
est déjà parti avec Lucette et le chat Bébert... Les rats quittent le navire;
c’est la débâcle. Roc est pris au piège d’une ville insurgée. Cerné. Qui
forcera en premier sa planque? Les résistants ou les grosses huiles de la
collaboration qui veulent se débarrasser d’un homme qui en sait trop? Dans les
beaux quartiers, déjà, des contacts se nouent.
Le récit se fait de plus en plus
haletant, mais je ne vais pas ici en déflorer ni l’intrigue – prodigieuse – ni
la chute, au fur et à mesure que l’étau se resserre et que nous suffoquons avec
la proie.
Toute personne qui entend comprendre le
fascisme, les pulsions de mort dont il se nourrit et sur lesquelles il repose,
se devrait de lire ce livre.
Roman majeur, roman éblouissant (je l’ai
dit et écrit des douzaines de fois), il est avec La Peau, de Curzio
Malaparte (1949), et Éducation européenne, de Romain Gary (1945), un des
plus puissants ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale.
PIER PAOLO PASOLINI
Catholicisme ou communisme, c'est le choix de l'Italie post fasciste, Démocratie Chrétienne ou PCI. Pasolini , loin d'y voir une contradiction idéologique, vit et promeut une synthèse des deux ,comme cinéaste (essentiellement pour les français) et comme poète, journaliste, romancier, essayiste (essentiellement pour les italiens).
Poursuivi 36 fois devant les tribunaux, il gagnera la totalité de ses procès , mais restera en butte aux vexations, aux tracasseries, aux mépris de la droite comme de la gauche conservatrices. Il luttera contre le nouveau fascisme que constitue à ses yeux la destruction systématique des cultures populaires par l'école , la télévision et la consommation formatée. Son œuvre s'y oppose en jaillissements permanents de bonheur et de joie de vivre face à l'horreur des destins brisés.
Après une brillante présentation de sa biographie, la lecture de quelques articles , de poèmes défendant les femmes , de quelques nouvelles très visuelles faisant penser à des tableaux de De Chirico,, des extraits d'un reportage sur les plages italiennes tout autour du pays, la lecture très émouvante en italien par une jeune lectrice au départ un peu intimidée, ont illustré pour le plaisir de tous la vie et l'œuvre de ce grand artiste, qui ne voulait pas que, comme Œdipe on se crève les yeux, mais au contraire qu'on les ouvre en grand pour vivre la réalité, incarnée comme chez le Caravage.
Ce fut un grand plaisir pour toutes et tous dans ce bar si convivial que l'Epicerie du Pré, si magique: merci à elle pour tout.
R.Ch.L.B.
SERIE NOIRE
Pourtant, il y a dans cette collection des ouvrages
hilarants. Comme nous sommes au « Café Littéraire », je recommanderai
à ceux qui connaissent bien leurs classiques, la lecture des Henri Viard et
Bernard Zacharias, qui sont des réinterprétations à la sauce policière d’œuvres
incontournables comme l’Iliade avec le Roi des Mirmidous, d’Hamlet (l’Embrumé), de Don Quichotte
(l’Aristoloche) ou de Lorenzaccio (Le Mytheux). Puis quand leur collaboration cessera, Viard seul
continuera avec La Bande à Bonape ou Le retour de Bonape.
D’autres Français ont excellé dans ce genre
hilarant : A.D.G avec La nuit des
grands chiens malades ou Berry Story ;
Pierre Siniac avec Le pipelet n’a pas
pipé ; Daniel Pennac et sa famille Malaussène. Parmi les Américains,
on peut citer Fantasia chez les ploucs
de Charles Williams ou La reine des
pommes de Chester Himes.
J.M.